Rencontre avec…
Marjorie PAINSECQ, Directrice du GE de la côte des Havres
« Les professionnels de la conchylicultures ont fait le choix, dès 2005, du groupement d’employeurs »
Pouvez-vous nous présenter votre groupement, le GE de la côte des Havres ?
Le groupement d’employeurs existe depuis 2005. Il est constitué de 40 entreprises adhérentes, toutes installées sur un périmètre très défini, s’étendant sur 25 km de côtes, entre Gouville-Sur-Mer et Briqueville-Sur-Mer, dans le département de la Manche en Normandie. Nous sommes quasi-monos sectoriels, puisque nous sommes spécialisés dans la conchyliculture, avec un prolongement dans la restauration.
Comment est né le groupement ?
Il est né d’un constat établi dès 2005 par les professionnels conchylicoles du territoire : la difficulté de recrutement, sur des métiers peu connus, parfois pénibles, à forte variation saisonnière. Certaines de nos entreprises peuvent doubler, voir tripler leurs effectifs en période de hausse d’activité (la période estivale et les fêtes de fin d’année) et nous sommes également soumis aux variations de marées, qui imposent une hausse d’activité sur des périodes de 5 jours, environ 2 fois par mois. Dans ce contexte, difficile de stabiliser, de sécuriser et de fidéliser la main-d’œuvre. Les entreprises locales ont donc fait le choix de se mobiliser ensemble, de s’associer, pour apporter une réponse concrète à leur difficulté de recrutement. C’est ainsi que le GE a été créé.
Plus de 15 ans après sa création, le pari est-il gagné ?
Aujourd’hui, le GE est parfaitement identifié et reconnu des entreprises locales, mais également bien identifié par les candidats. Nous mettons à disposition une cinquantaine d’ETP, principalement en CDD, qui se partagent entre plusieurs entreprises locales, sur des postes d’ouvriers conchylicoles et d’ouvrier de conditionnement lors des périodes de fêtes. Les adhérents jouent pleinement le jeu du groupement d’employeurs, se partagent le personnel sans crainte de concurrence. Nous recrutons et montons en compétences nos salariés, en leur permettant de disposer d’un temps plein, en sécurisant leur parcours professionnel, avec, cerise sur le gâteau, pour ceux que nous avons accompagnés, la possibilité d’être embauché directement par nos adhérents.
Quels sont les profils des candidats ?
Ce sont majoritairement des jeunes issus du territoire, sans qualification. Évidemment, à mesure de leur prise de responsabilité, il leur faut monter en compétences : nous leur offrons l’opportunité de se former, c’est d’ailleurs l’un des grands attraits du GE que nous souhaitons développer. Autres avantages de métier : l’opportunité de travailler en milieu naturel, la stabilité professionnelle offerte par le temps partagé, qui est plutôt appréciable. Nous travaillons actuellement à lever les freins périphériques à l’emploi : difficulté de transport, de logement… Nous cherchons à valoriser nos métiers, à travailler sur leur image et leur attractivité, et à ce titre le GE peut être vu comme un véritable partenaire des adhérents en termes de sourcing des candidats.
Quels sont les objectifs de développement du GE ?
Comme je vous l’ai dit précédemment, notre GE a longtemps été mono sectoriel, et il s’ouvre un peu à d’autres types d’adhérents : restauration… L’objectif étant de pouvoir diversifier les postes de travail de nos salariés, pour lutter contre la routine, les travaux répétitifs et pénibles. Nous cherchons à mieux prendre en compte la pénibilité de nos métiers, et nous souhaitons travailler sur les questions d’ergo santé. Cela est d’autant plus nécessaire que nous envisageons la carrière de nos salariés dans la durée. Les questions de formation, d’évolution professionnelle, sont donc au cœur de nos préoccupations.
Vous venez de prendre la direction du GE en septembre 2021. Quelques mots sur votre parcours ?
J’ai un parcours plutôt atypique pour une Directrice de GE, puisque je dispose d’un Master en géographie de la santé. La notion de territoire est une sorte de fil conducteur de ma carrière, puisque j’ai dirigé, en région parisienne puis en Normandie, plusieurs associations/services axés prévention et santé publique. Par ailleurs, mes racines familiales m’amènent à connaître les métiers conchylicoles et les entreprises du territoire. J’espère apporter ma compétence en termes de gestion coordination et montage de projet, tout en gardant cette fibre RH, cette proximité avec les salariés, avec les entreprises adhérentes, qui est l’ADN du groupement.
Quelques mots sur vos équipes.
Aujourd’hui, le GE fonctionne bien, est parfaitement reconnu et identifié sur le territoire, et tout le mérite en revient aux équipes, et notamment à M. Richard Jaunet, l’ancien directeur qui a fait valoir ses droits à la retraite, et qui est à l’origine du développement de notre structure. Aujourd’hui, nous sommes 4 permanents, qui gérons au quotidien une cinquantaine d’ETP mis à disposition chez 40 adhérents. Je tiens également à souligner la forte implication du Conseil d’Administration, notamment de son Président, M. Éric Brossard, avec lequel nous travaillons en étroite collaboration.
Enfin, vous êtes adhérent au SNGE depuis quelques années maintenant. Pour vous, quels sont les intérêts d’une représentation nationale ?
D’abord, contribuer à la visibilité, à la lisibilité des GE au niveau national. Il est essentiel que notre dispositif soit connu et reconnu, et qu’en dépit de nos fonctionnements — qui peuvent être différents —, une véritable communauté d’intérêts émerge, qui rendent plus clair aux yeux du grand public ce que nous sommes, ce que nous faisons, ce que nous pouvons apporter aux entreprises, aux territoires, et aux acteurs de l’emploi…
Ensuite, le SNGE sert à défendre nos intérêts catégoriels, à mettre en exergues nos problématiques, par-delà nos territoires. Nous sommes tous reconnus localement, mais pour avancer, il faut être entendu au-delà de nos chapelles.
Enfin, rejoindre un collectif, c’est aussi l’opportunité de se rencontrer, d’échanger, de partager nos pratiques… Le collectif nous permet de proposer des solutions concrètes et par là même de progresser ensemble ! En tant que Directrice nouvellement arrivée, le séminaire du 26 novembre dernier m’a permis de bien appréhender un certain nombre d’enjeux et de problématiques qui me seront utiles dans ma gestion quotidienne du groupement !